A partir du 1er novembre, le papa de Chloé et sa compagne nous rejoignent en Polynésie. Nous partons le 6 novembre pour 10 jours, explorer les Îles sous le vent, qui forment avec Tahiti et Moorea l’Archipel de la Société.

Maupiti
Premier stop, Maupiti, l’île la plus à l’ouest des Iles sous le vent. 2000 habitants à peut près, sur une île de 9 km de périphérie ! Nous sommes logés dans une pension sur un motu (le nom des bancs de sables pemanents, suffisamment grands pour que des arbres y poussent, donc accessible uniquement en bateau) dans des bungalows. Elle ressemble à Bora-Bora mais, en 2012, les habitants y ont refusé par referendum l’installation d’un hôtel, pour préserver leur mode de vie et le calme. On peut donc loger seulement en pension ou camping, et y accéder par ferry (3 par semaine, à 8-10h de Tahiti, seulement si la mer est calme) ou par de petits avions peu remplis (et donc chers) car la piste est très courte. Conséquence : très peu de touristes sur l’île, une centaine, qu’on recroisera au cours de nos 3 jours sur place.
Le premier jour nous partons sur l’île principale réaliser la randonnée permettant de monter au sommet de l’île, le mont Teurafaatiu, 380 m de hauteur (et donc de dénivelé). Nous sommes accompagnés par Ma (c’est un surnom), le fils ainé des propriétaires de la pension, 10 ans (ce sont les vacances scolaires à Tahiti à ce moment là). Nous partons vers 10h : c’est un peu tard, le soleil tape fort lorsque nous ne sommes pas à l’ombre des arbres. La vue au sommet est magnifique et vaut l’ascension raide (avec des cordes sur certains passages). Comme la météo des jours précédents avait été sèche, nous décidons de faire la randonnée traversière, soit de redescendre de l’autre côté du Mont et donc de l’île. Ici Ma ne connait pas et les appli de guidage de rando nous servent à suivre le chemin, peu pratiqué et vite envahi par la végétation luxuriante. Nous pique-niquerons à l’ombre avant de redescendre et de se « rafraichir » sur la seule plage de l’île. Sur le chemin du retour on s’arrête pour offrir une gauffre aux enfants et une noix de coco glacée aux adultes. Bon timing car une averse tropicale se déclenche et nous restons 20 min à l’abri avant de rejoindre le quai et d’embarquer pour la pension.











Le lendemain nous partons en « sortie lagon » pour voir… les raies manta ! Elles viennent à cet endroit pour se débarrasser de parasites avec l’aide de poissons. Le lieu s’appelle « station de lavage des raies manta ». Nous observons aussi un mini-requin accroché sous l’immense raie, également pour la nettoyer. D’ailleurs les raies manta ont des ancêtres communs avec les requins et possèdent un aileron au début de la queue.
Nous resterons 1h à l’eau avec elles en respectant les règles (distance minimale, interdiction de suivre l’animal qui s’en va) avant de faire du snorkeling. La matinée se termine de l’autre côté du Motu pour un four tahitien : c’est une tradition polynésienne réalisée chaque samedi à Maupiti. Des légumes, poissons et viande sont préparés et cuits à l’étouffé dans des feuilles de bananiers, dans un trou dans la terre. Le four est lancé dans la matinée et ouvert à 11h30. Au menu : uru, poulet en sauce, pua’a (porc caramélisé), bénitier (des coquillages très jolis qui abondent sur les récifs de corail), et poe en dessert (purée de fruit avec amidon figé dans du lait coco). Le tout servi avec du poisson cru coco (un plat typique fait de thon cru, avec des crudités et du lait de coco ou de la sauce soja pour le poisson cru dit « chinois ») et du poisson fafaru. C’est du poisson cru servi avec une sauce composée de lait coco et eau de mer fermentée avec des têtes de « chevrettes » (crevettes locales). LE plat tahitien qui peut effrayer les touristes. Nous avons trouvé ça bon et pas spécialement fort. Dernière spécificité du four tahitien : on mange avec les doigts. Et cela a déplu à Maël qui aurait aimé des couverts. L’après-midi se poursuit avec concours de lancé de coco, pension contre pension, débourrage de cocos (ouverture de coco) et initiation à la danse. On manque hélas la danse car on profite du lagon magnifique pour se rafraichir.
On verra aussi des raies pastenagues près du lieu du four tahitien, nourries par des morceaux de poissons. La pratique n’est pas super réjouissante mais Maël nourri une raie. Elles sont tellements habituées à l’homme qu’elles nous bousculent pour passer : c’est costaud comme animal ! Enfin Maupiti nous a offert 2 magnifiques nuits noires étoilées. Le ciel polynésien est différent du ciel de métropole puisqu’on est dans l’autre hémisphère. C’était beau et paisible. Et comme la nuit tombe à 18h30, pas besoin d’attendre minuit pour l’observer comme durant l’été en France.














Raiatea
Deuxième île visitée : Raiatea. Une grande ile, comprenant la 2eme ville de Polynésie après Papeete. Ici aucune plage (mais des accès à l’eau possible depuis les pontons). Cette île a pas mal d’habitants, un lycée, un hôpital,bref elle n’est pas dédiée qu’au tourisme. On y trouve des fermes perlières, des vanilleraies, et des montagnes, dont l’une culmine à 1017m tout de même (ce qui fait donc 1017 m de D+ depuis là où on loge). La météo est mitigée et on ne reste que 2 nuits, pas de randonnée cette fois-ci au programme. Nous ne pourrons pas vraiment profité de la vie locale car nous arrivons un dimanche matin, où l’activité commerciale est faible et le mardi est le 11 novembre, férié. La plupart des lieux étaient donc fermés le lundi également, dont le marché de la ville qui est apparemment réputé et contient la photo d’un des plus gros poissons jamais pêchés au monde : un espadon de 1.4 tonnes (TONNES !) pêché à la ligne en 1967 entre Raiatea et Bora-Bora.
Raiatea comprend aussi la seule rivière navigable de Polynésie, sur laquelle nous passerons en bâteau, et surtout le plus grand Marae de Polynésie (incluant Hawai, la Nouvelle-Zélande, et l’île de Pâques). Un marae est un site sacré traditionnel. Ceux au bord de mer étaient dédiés aux cultes et à l’accueil des peuples polynésiens en visite, ceux dans les terres étaient les lieux réservés aux chefs où les discussions importantes avaient lieu. Le marae Taputapuatea est daté d’autour de l’an 1000 et est entré au patrimoine mondial de l’Unesco en 2017 et nous rencontrons sur le site l’une des personnes qui a monté le dossier de candidature. Cela a notamment consister à partir à la rencontre des anciens de polynésie française, de hawaï et de nouvelle-zélande pour reconstituer l’histoire du lieu, car la transmission se fait uniquement par voie orale, et la politique éducative française à longtemps consister à ne plus enseigner la langue tahitienne et la culture locale, ce qui a mené à sa quasi éradication. Ce marae est le lieu de rencontre sacré entre les peuples polynésiens et est encore régulièrement utilisé. L’histoire est assez bien décrite ici.








Tahaa
Puis départ pour Tahaa, l’île soeur de Raiatea, puisqu’elles partagent le même lagon. Tahaa est plus sauvage, les habitants y vivent de façon plus traditionnelle qu’ailleurs. D’ailleurs l’un de nos chauffeurs nous a expliqué qu’ils avaient des cochons sauvages et des vaches retournées à l’état sauvage qu’il chassait parfois : via un piège constitué d’une corde avec un noeud coulissant posé au sol pour les cochons ; en battue avec poignardage final pour les vaches ! Cela force le respect.
Tahaa est surnommée l’Ile vanille. Nous ferons d’ailleurs une sortie Motu (sortie à la journée en bâteau) pour aller visiter : une vanilleraie, une ferme perlière, une rhumerie (il y a 2 rhumeries à Tahaa, 1 à Tahiti) et un magnifique jardin de corail. La vanille est conditionnée en gousses (qu’ils conseillent de stocker dans un bocal en verre avec un fond d’alcool pour les conserver très longtemps tout en les gardant souples), de la poudre de vanille apparemment parfaite pour parfumer les desserts, et en pâte de vanille, pour les sauces ou les crèmes. La vanille est une liane orchidée qui doit être fécondée manuellement par l’homme (le seul insecte capable de le faire est endémique du Mexique).
Dans la ferme perlière nous observons les deux « chirurgiens » qui injectent les nucleus et les greffes dans le muscle de l’huître perlière (plus de détails sur la production de perles ici). Leur dextérité est exceptionnelle. Les perles de Tahiti sont foncées, quasi noires, avec des reflets nacrés, au choix gris, bleus, verts, rouges, roses, et parfois champagne (elles sont alors plus jaunes que noires). Les plus petites fond 6-7mm de diamètre, en-dehors des keshis (nom des perles qui se sont formées autour d’une saleté type grain de sable au lieu d’autour du nucleus greffé par l’homme) et les plus grosses sont autour de 15mm de diamètre, soit bien plus grosses que les perles blanches que nous voyons en France. Il y en a des rondes, mais aussi des ovales, en forme de goutte ou encore avec des « anneaux »naturels. Maël s’est vu donner une perle par une personne de la ferme perlière visitée qu’il a souhaité faire monter en pendentif pour mettre sur sa chaîne en or et dont il prend grand soin depuis.
Enfin nous parcouons un jardin de corail situé entre deux motus parcouru par un courant ce qui permet de faire du snorkeling en se laissant dériver entre les patates de corail. Nous verrons des anémones et leurs poissons clown (Nemooooo !), du corail de feu (attention, danger, il brûle la peau !), et même une magnifique murène léopard qui se déplace de patate en patate, ce qui est exceptionnel.
Tahaa comprend aussi une multitude de motus (plus de 40 ?), dont un qui a abrité Koh Lanta en 2021 et 2022. Il y a aussi une plage anciennement propriété de Joe Dassin, pour ceux que ce genre d’information intérese (après l’atoll de Marlon Brando…).


















Enfin Maël profite d’un jour « off » dans notre programme pour enchaîner 24h de fièvre. Peut-être dû au « rafraichissement » selon une pharmacienne : nous sommes en effet passer de 30°C de moyenne à 25°C…Le lendemain, problème réglé, il est de nouveau frais comme un gardon et prêt à aborder la dernière île de notre périple, Huahine. Au moment de prendre le ferry, celui-ci est retardé par le Taporo VI qui décharge sa cargaison hebdomadaire à Tahaa : on assiste à un ballet logistique mêlant fenwick, palettes, camions, camionettes et tenue « tong-maillot de bain » quelque peu surprenant. Les gérant des magasins de l’île viennent récupérer leur cargaison, les particuliers qui avaient commandé quelque chose également. Il y a 118 îles en polynésie, 72 habitées. Les plus éloignées voient passé le navire de ravitaillement 1 fois par mois, et c’est alors l’événement qui réuni tous les habitants. Ici on oublie la commande Amazon livrée en 24h, et quand il y a rupture (d’oeufs, de citrons ou de crudités par exemple), on fait sans !
Huahine
La dernière des îles sous le vent que nous visitons, et la plus proche de Tahiti est Huahine, l’Île de la femme (« Vahine » en tahitien – Huahine se prononce Houahiné).
Nous la visiterons sous un temps humide puisque pour la première fois depuis le début de notre séjour en Polynésie, il fait gris et les averses tropicales s’enchainent durant 24h. Production artisanale de pareo, marae, tressage de panier en palmes de cocotier, nouage de pareo, danse tahitienne et débourrage de noix de coco au programme. On goutte même de la noix de coco germé : la texture est surprenante, elle fait pensé à du polystirène expansé, mais le goût est intéressant.






Apetahi express
Ce périple dans les îles sous le vent s’est fait à bord de l’Apetahi Express, l’unique ferry. Rapide (mais quand meme 10h Tahiti-Maupiti au lieu de 8h), rarement à l’heure mais confortable, il permet de voir les îles depuis la mer.
Au retour, entre Huahine et Tahiti, le mauvais temps terrestre se transforme en houle de 2 à 3m de haut. Le bateau fait face aux vagues et aux creux, avec parfois une impression de montagnes russes. Tout le monde se concentre pour tenir bon. Nous serons 2 sur 5 à vomir (assez représentatifs de la moyenne des autres passagers). Au global ça reste quand même un très bon moyen de transport !

Bilan
10 jours dans les îles sous le vent étaient un bon choix. Maupiti est simple, petite, isolée et magnifique, épargnée par les hôtels et les dérives du tourisme de masse de Bora-Bora (juste des pensions de famille). Raiatea et Huahine sont plus vivantes, avec des randonnées, de l’activité économique, des magasins. Huahine est belle. Tahaa est belle, entourée de nombreux motu, mais peu touristique au final. A refaire on y aurait fait 1 jour de moins, voire aucune nuit en compensant par une « sortie Motu » qu’on a fait et qui était au départ de Raiatea. Partout les gens sont gentils, nous abordent, nous questionnent et racontent volontiers leur vie et leurs coutumes. Le poisson abonde, les fruits également, mais sur la fin on mangue (lapsus/faute de frappe révélateur !) de légumes car ils sont importés pour la plupart (d’autres îles tels que les petits citrons des marquises, ou de Nouvelle-Zélande notamment pour les produits laitiers et la viande). On est donc content de retrouver Tahiti après dix jours dans ces îles paradisiaques !
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